Yesterday’s Sky Chapitre Deux
ISBN 978-0979067730 | $24.95
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Yesterday’s Sky French Translation
CHAPITRE DEUX:
POURQUOI CROIRE EN LA REINCARNATION
Si les voix joyeuses d’un millier de cochons célestes s’élevaient à l’unisson pour entonner un Alleluia, ne serait-ce pas là un événement mémorable ? Oui, assurément, mais personne n’y croit. Si tous les hommes politiques étaient honnêtes, si le système juridique était toujours juste, si le pétrole était aussi bon marché qu’en 1957…
On pourrait allonger indéfiniment cette liste de vœux pieux. Tous éminemment souhaitables, mais parfaitement improbables.
La réincarnation, d’une certaine manière, est une notion du même genre. Le concept sonne agréablement, mais ce seul fait ne le rend pas forcément vrai pour autant. Les avantages de « revenir » sont évidents. Pour commencer, personne ne meurt vraiment, et hop, voici une inquiétude qui disparaît ! Deuxièmement, on n’est pas obligé de tout bien faire dans cette vie. On a le temps. Et troisièmement, justice est toujours rendue : le gamin qui vous a piqué votre vélo se fera voler le sien un de ces jours, ainsi qu’il le mérite. L’immortalité, une seconde chance, et la justice : voilà un assortiment plutôt sympathique.
Et il y a mieux encore. Pourquoi ne pas juxtaposer les enfants qui meurent de faim en Afrique et les gens riches qui vous en mettent plein les yeux avec leurs frivolités et leur luxe ostentatoire. Il est doux de songer qu’un jour lointain, chacun se retrouvera à la place de l’autre. Il y a de la beauté et de l’élégance dans une telle image.
Comme dans celle de nos cochons ménestrels.
Y-a-t-il vraiment de bonnes raisons de croire en la réincarnation ?
De toute évidence, vous êtes ouvert à l’idée de « transmigration », sans quoi vous n’auriez pas acheté ce livre. Vous n’êtes pas le seul. Aux Etats-Unis, le pourcentage de gens qui croient en la réincarnation serait compris entre 20% et 35% (Yankelovich Partners, CNN, Gallup, Luitz Research, etc).
La proportion semble même supérieure dans ma clientèle, qui se compose pourtant d’un éventail de personnes extrêmement large. Quand je reçois quelqu’un pour la première fois, je demande toujours à la personne si je peux utiliser la notion de vies passées. Il ne m’a été répondu par la négative qu’en deux occasions. Dans l’une, mon consultant était professeur à l’Université Catholique. Il est revenu dix ans plus tard et m’a dit, « bon d’accord, parlez-moi de mes vies passées ».
Je suis toujours prêt à utiliser un angle d’approche différent si je suis face à quelqu’un qui ne veut vraiment pas entendre parler d’existences antérieures. Je transpose facilement l’information de nature karmique en disant « c’est ainsi que Dieu vous a créé » ou bien « c’est de cette manière que votre patrimoine génétique ancestral est susceptible de se manifester dans votre personnalité présente ». Je suis toujours prêt à dérouler mes explications selon ces perspectives, mais jusqu’ici, force est de constater que je ne trouve pas preneur. Les gens en général aiment bien qu’on leur parle de leurs vies passées.
Qui vient me voir pour des consultations astrologiques ? Il est clair qu’il ne s ‘agit pas d’ un échantillonnage pris au hasard. Faire interpréter son thème est un geste délibéré, un choix personnel. Beaucoup de gens imaginent que je vois principalement des sympathisants végétariens mystiques et des écologistes fanatiques de mon espèce. Ce n’est absolument pas le cas. N’oubliez pas que dans les deux générations passées, le plus flagrant exemple d’enthousiasme avoué pour l’astrologie nous est fourni par Ronald Reagan en personne.
L’astrologie a quelque chose de curieux, c’est qu’elle se joue de tous les cloisonnements socioculturels. En dehors d’une certaine ouverture d’esprit, il y a très peu de dénominateurs communs dans ma clientèle. Collectivement, on nous enseigne qu’il ne faut pas croire en l’astrologie, et donc les gens qui passent ma porte sont forcément des libres penseurs. Ce sont aussi des personnes qui réfléchissent sur leur vie : pourquoi aller voir un astrologue si on cherche pas à mieux se connaître ?
Selon les statistiques, la proportion d’Américains ouverts à la réincarnation serait d’environ un tiers. Parmi les personnes qui viennent faire interpréter leur thème, on passe à quasiment 100%. Pourquoi ce pourcentage est-il tellement plus élevé que dans l’ensemble de la population ? De toute évidence, ma clientèle reflète une forme d’ auto-sélection. Force est de constater que ceux qui regardent beaucoup la télévision et ignorent les grandes questions existentielles sont moins susceptibles de se pencher sur la question de l’existence ou de la non existence des vies antérieures : personne ne les a jamais poussés à envisager ce genre de chose. Tous ceux qui viennent me voir sont aux prises avec des interrogations sur le sens de la vie, et pour presque tous, la notion de réincarnation est au minimum un concept sur lequel se pencher.
Si vous êtes astrologue, vous pouvez craindre d’être perçu comme trop « barré » si vous parlez aux consultants de leurs vies passées. Je ne pense pas qu’il faille avoir ce genre d’inquiétude. Les personnes qui demandent des consultations en astrologie ont tendance à apprécier cela. Si mon expérience peut servir d’indicateur, je puis vous assurer que vous gagnerez beaucoup plus de clientèle que vous en perdrez.
Mais bien sûr, tout ce que je viens d’exposer ne suffit pas à prouver la validité de la réincarnation. La question initiale demeure. Pourquoi est-ce que nous y croirions ? Y-a-t-il des raisons rationnelles, en dehors du caractère plaisant et de la popularité relative d’une telle philosophie ?
Les preuves
Pouvons-nous prouver que la réincarnation existe ou au contraire qu’elle n’existe pas ? C’est une question délicate. Répondre « non » serait tentant, mais beaucoup trop hâtif. Peut-être que nous ne devons pas nous montrer trop dogmatiques là-dessus. Le mot « preuve » en soi est ambigu. Dans les lois fondamentales de la science, preuve veut simplement dire que le principe est infaillible et démontrable : l’énergie est toujours égale à la masse par le carré de la vitesse de la lumière, point final. Tous les tests le confirment, sans exception.
Je doute que la réincarnation puisse être prouvée de manière semblable.
Mais la plupart des domaines scientifiques sont bien plus flous. Nous savons bien que quand la météo nous parle de 35% de chances qu’il pleuve jeudi, il faut prendre cela avec des pincettes. La météorologie est une science, certes mais plutôt pour les parieurs. Idem pour la science économique, et la mécanique quantique. De la même manière, la « preuve » dans une cour de justice est souvent définie comme une « conviction sans l’ombre d’un doute ».
La réincarnation peut réussir ce genre de test. Je pense qu’elle l’a fait d’ailleurs, et je vous propose de voir en quoi. Mon but dans ce chapitre n’est pas de chercher à donner une vision exhaustive de ce domaine de recherche aussi fécond que passionnant, car cela m’entraînerait bien au delà du propos de ce livre. En fait, c’est toute une bibliothèque qu’il faudrait pour traiter le sujet. Si vous avez envie d’aller plus loin, j’aimerais vous proposer des références d’ouvrages qui se consacrent à la question. Je voudrais simplement extraire quelques éléments majeurs du corpus croissant de données qui tendent à prouver la réalité objective de la réincarnation.
Commençons par une citation que Rafael Nasser, le responsable du projet Under One Sky , m’a faite parvenir il y a quelques années :
Au moment où j’écris ceci, il y a trois affirmations dans le domaine des perceptions extrasensorielles qui, selon moi, méritent une étude sérieuse : (1) par le seul moyen de la pensée, les humains peuvent parfois influer sur les générateurs de nombres aléatoires dans les ordinateurs, (2) les gens atteints d’infirmités sensorielles légères peuvent recevoir certaines pensées et images « projetées » vers eux, et (3) les jeunes enfants racontent parfois les détails de vies passées, qui après vérifications s’avèrent exacts et dont il ne pouvaient avoir connaissance d’aucune autre manière autre que par le souvenir d’une vie passée.
Croyez le ou non, ce ne sont autres que les paroles de l’archidruide de la science du vingtième siècle, Carl Sagan. Elles figurent dans son ouvrage The Demon Haunted World . Il est quasi certain qu’il y faisait état des recherches effectuées par les personnes suivantes.
Le médecin psychiatre Ian Stevenson
Canadien de naissance, le psychiatre Ian Stevenson (1918-2007) avait travaillé principalement à l’Université de Virginia, où il se consacrait principalement à l’étude des jeunes enfants qui classiquement, entre l’âge de deux et quatre ans, se mettaient à parler de leurs vies passées. Il est intéressant de constater que lorsqu’ils atteignaient l’âge de sept ou huit ans, ces mêmes enfants n’en avaient en général plus de souvenirs. Le docteur Stevenson, après avoir voyagé dans le monde entier à la recherche de ces mystérieux témoignages, les avait méticuleusement répertoriés. Au moment de sa mort, il avait amassé quelque deux mille récits. Il publiait beaucoup, et son ouvrage le plus connu s’appelle Vingt Cas Suggérant le Phénomène de Réincarnation, publié en 1966, dont une réédition plus complète est parue en 1974 . Son équipe a poursuivi son travail, sous la direction de Dr Jim Tucker.
Voici un exemple d’un récit recueilli et enregistré par lui :
Tandis qu’il se trouvait à Kornayel, au Liban en 1964 pour l’étude d’un autre cas, Ian Stevenson avait entendu une rumeur concernant un garçon qui semblait rapporter les circonstances d’une vie passée. Ce garçon, du nom d’Imad Elawar, avant même d’avoir deux ans, avait commencé à évoquer une de ses vies passées en un lieu appelé Khriby, village situé à une quarantaine de kilomètres de chez lui, où il faisait partie de la famille « Bouhamzy ». Il évoquait de façon élogieuse une femme du nom de Jamile, la comparant à sa maman. Au total, le garçonnet fit cinquante-sept déclarations enregistrées par Stevenson.
Lorsque le chercheur parvint au village – auquel il convient de préciser que le garçonnet ne s’était jamais rendu – il put vérifier qu’un dénommé Ibrahim Bouhamzy était mort de tuberculose neuf ans auparavant, et qu’il avait eu une fiancée qui s’appelait bien Jamile. Ces deux faits, en plus de quarante-neuf autres déclarations faites par le jeune garçon , étaient vérifiables. Imad connaissait même les dernières paroles prononcées par Ibrahim Bouhamzy.
Il parvenait à identifier les membres de la famille. Un jour, lors d’une promenade avec sa grand-mère, alors qu’il avait quatre ans, le jeune Imad s’était précipité vers un étranger dans la rue et l’avait embrassé, laissant l’homme ahuri. Imad prétendit que cet homme avait été son voisin. Il s’avéra après enquête que celui-ci était bien de Khriby et avait bien été le voisin d’Ibrahim Bouhamzy.
Comment pouvons-nous expliquer un tel phénomène ?
Voici une autre histoire.
Un enfant du nom de William était né avec une malformation de l’artère pulmonaire principale. A l’âge de trois ans, il commença à manifester un attachement émotionnel inexplicable pour son grand-père défunt, sans l’avoir jamais rencontré. Celui-ci avait été un policier de la ville de New-York, tué dans l’exercice de ses fonctions par une balle qui avait traversé son artère pulmonaire principale. Le petit William, alors que sa mère le menaçait d’une fessée, lui lança : quand j’étais ton père, je ne t’ai jamais frappée ! Il connaissait même les noms des animaux de compagnie que sa mère avait quand elle était petite.
Apparemment, William avait été son propre grand-père.
Ce ne sont que deux histoires, qu’il serait facile de balayer d’un revers de la main, sauf qu’il y en a deux mille de plus, toutes soigneusement documentées. Ian Stevenson lui-même ne les a jamais présentées comme des « preuves » de la réincarnation. Il avait trop de rigueur scientifique pour cela. Il les qualifiait de suggérant l’idée de réincarnation. Admettons.
Yesterday's Sky: Reincarnation and Astrology
Behind your familiar astrological chart lurks another chart entirely, one whose existence you may never have suspected. It carries your treasures and your wounds. Where the astrologer’s predictions and the realities of your life might not in all honesty have lined up, this chart-behind-the-chart will help you see why. This second, hidden chart tells the tale of who you were in a prior lifetime. It speaks of what wounded you then and what work you left undone. It warns of old ghosts that haunt you and the symptoms you experience when you let them grab the steering wheel of your life.
This karmic underpinning of the horoscope explains the reasons you have the natal chart you have today and it clarifies how you can get on with your evolutionary journey.
Le Docteur Helen Wambach
C’est après avoir reconnu un livre comme lui ayant appartenu dans une vie antérieure que le Dr Helen Wambach se mit à se passionner pour la réincarnation, passion qu’elle allait conserver sa vie durant. Psychologue et enseignante, elle utilisait des techniques d’hypnose, afin d’aider les gens à retrouver les souvenirs de leurs vies passées. Ses travaux minutieux et bien documentés sont consignés dans Reliving Past Lives publié en 1978 La vie avant la vie, ainsi que dans Revivre le passé : le Témoignage de plus de mille cas de régression sous hypnose . Sur une période de dix ans, elle guida 1088 personnes dans des régressions par hypnose et consigna méticuleusement leurs « souvenirs » d’incarnations passées. Ce travail s’effectuait dans le cadre d’ateliers d’une journée réunissant une douzaine de participants. Après la session, les participants devaient remplir des questionnaires standards : que mangiez-vous, avec quels ustensiles, quel était votre sexe, quel type de vêtement portiez-vous ? Moins d’un pour cent de ces souvenirs concrets étaient en contradiction avec le contexte historique : personne ne partait en croisade au volant d’une Mégane ou n’avait perdu son iPod à bord du Mayflower .
Il est notable qu’aucun des sujets du Dr Wambach ne se souvenait avoir été célèbre. Point de Cléopâtre ni de représentant des douze apôtres. Personne n’avait sauvé le monde. Dix pour cent des personnes interrogées se souvenaient de vies passées durant lesquelles elles appartenaient à une classe sociale supérieure, entre vingt et trente-cinq pour cent appartenaient à la classe moyenne, et soixante à soixante-dix-sept pour cent étaient pauvres ou proches du seuil de pauvreté. Les frontières de ces classes sociales sont bien sûr relativement floues et variables selon les époques, mais cette répartition semble pourtant réaliste.
Ce qui est extraordinaire, ce sont les détails des histoires recueillies par le docteur Wambach. Cinq personnes par exemple se souvenaient avoir vécu des vies nomades dans des tentes en Asie centrale il y a trois ou quatre mille ans. Ils se souvenaient avoir été blonds et clairs de peau, ce qui les avait conduits à rejeter leurs propres souvenirs comme incorrects. Ils « savaient » qu’il n’y avait pas de blonds en Asie Centrale. Or les historiens nous enseignent que des Caucasiens avaient émigré vers cette région du monde à cette époque lointaine. Il apparaît donc que ces souvenirs de vies passées existaient indépendamment des croyances et présupposés des sujets.
Les patients faisaient souvent état de détails vestimentaires, qui s’avéraient toujours cohérents, ce qui est assez impressionnant vu l’évolution constante des styles d’habillement. Une colle : que portaient les classes égyptiennes supérieures en l’an mille avant Jésus Christ ? La réponse : une robe de coton blanc longue ou mi-longue. Sous hypnose, un des sujets du docteur Wambach le savait.
Mais comment ?
Je dois dire que de tels résultats m’ont profondément troublé. Au total, soixante-deux pour cent des 1088 sujets interrogés étaient morts de maladie ou de vieillesse, dix-huit pour cent à la guerre ou à la suite de violences, et vingt pour cent de mort accidentelle. Une telle répartition n’est-elle pas plausible ?
Parmi les découvertes d’Helen Wambach, la plus convaincante est sans doute la répartition en genre : parmi plus de mille sujets et sur une période de dix ans, elle compta 50.6 pour cent de vies en tant qu’homme et 49.4 pour cent en tant que femme, en d’autres mots, moitié moitié, exactement ce à quoi on aurait pu s’attendre.
Comme dans le cas d’Ian Stevenson et de ses prédécesseurs, on pourrait balayer les histoires individuelles recueillies par Wambach en les qualifiant d’« anecdotiques ». Peut-être qu’un de vos amis jure avoir aperçu Sasquatch traversant la route à 300 mètres hier à la tombée du jour. Il n’avait bu qu’une bière, ou deux. Qu’en pensez-vous ? Vous faites confiance à votre ami, mais votre point de vue sur la situation est coloré par la raison et l’expérience : selon des sources assez fiables, il est probable que Sasquatch n’existe pas. Vous haussez les épaules. Qui sait ? peut-être s’agissait-il d’un chien ? Ou d’un type déguisé en gorille.
Mais si un millier d’amis vous affirmaient avoir vu Sasquatch indépendamment les uns des autres ? Que penseriez-vous dans ce cas ?
La lecture des œuvres complètes de Stevenson et Wambach produit ce genre d’effet. Je me suis contenté ici de les présenter. Si vous avez besoin d’une petite dose d’encouragement et de soutien pour croire en la réincarnation, passez donc un peu de temps à lire ces ouvrages. L’accumulation des preuves ne vous laissera pas indifférent.
Pierre Ramster
De fascinantes expériences de régression sous hypnose ont été effectuées à Sydney, en Australie, sous la direction du psychologue Peter Ramster. Comme pour les autres chercheurs dont les travaux sont mentionnés dans ce chapitre, mon but est simplement de vous en donner un aperçu. Si vous avez envie d’en savoir plus, lisez son livre In Search of Past Lives , ou visionnez sa vidéo In Another Life.
Parmi les sujets du docteur Peter Ramster se trouvait une femme du nom de Gwen MacDonald, qui n’était jamais sortie d’Australie. Tout comme Ramster, au début, elle considérait la notion de réincarnation avec un certain scepticisme, mais elle consentit néanmoins à se prêter à l’hypnose. Elle se souvint alors d’une vie en Angleterre, dans le Somerset, au dix-huitième siècle. Elle décida de s’y rendre, et n’eut pas de difficulté pour se diriger, sachant même où se trouvait son village d’alors. Elle décrivit certains rochers qui servaient à l’époque de repères, et les villageois lui indiquèrent que les dits rochers avaient été enlevés quarante ans plus tôt. Elle connaissait même les anciens noms de villages tombés en désuétude deux cents ans auparavant. Elle conduisit l’équipe vers une maison dont elle se souvenait, et qui avait depuis été transformée en poulailler. Quand les propriétaires nettoyèrent le sol du poulailler, ils trouvèrent une pierre, une pierre que Gwen Macdonald avait dessinée avant de quitter Sydney.
Les travaux de Ramster sont pleins d’anecdotes semblables à celle-ci. Comme chez Stevenson ou Wambach, de telles histoires tirent leur force de conviction de leur nombre. Les allégations du type « Gwen MacDonald est voyante sans le savoir » ou « c’est un canular » deviennent difficilement défendables devant la somme de faits mystérieux extrêmement variés, qui deviennent parfaitement logiques dès lors qu’on admet la réalité de la réincarnation.
Arthur Guirdham
Le psychiatre anglais Arthur Guirdham vit un jour arriver dans son cabinet une madame Smith. Elle se plaignait de cauchemars récurrents. Elle lui raconta qu’elle revivait dans ses rêves l’époque des persécutions cathares par les catholiques dans le sud de la France. Elle y apparaissait comme jeune paysanne, brûlée vive sur le bûcher. De façon étrange, des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une écolière, elle avait écrit des vers en langue d’oc, la langue des cathares. En 1944, elle transcrivit de mémoire ce qu’elle prétendit être des chansons de l’époque. Des copies de ces chansons furent découvertes dans des archives de bibliothèque vingt trois ans plus tard ! Elle était capable de décrire certains bâtiments de l’époque dans les détails et connaissait les bijoux qui se portaient en ce temps-là.
Le plus fascinant est qu’Arthur Guirdham faisait lui aussi des cauchemars cathares depuis sa jeunesse. Madame Smith était convaincue qu’il avait été un prêtre nommé Roger de Grisolle, qu’elle avait connu à l’époque. Impressionné par la justesse de ses autres rêves et souvenirs, Le Dr Guirdham entreprit des recherches universitaires dans le but de voir s’il parviendrait à dénicher des documents historiques pertinents. Il découvrit qu’il y avait bien eu un Roger de Grisolles, assassiné à Toulouse en 1242. Le karma de sa connexion de vie passée avec Madame Smith avait mûri : le prêtre était maintenant psychothérapeute, et tous deux se rencontraient de nouveau.
Une fois de plus, ceci n’est qu’un bref aperçu des travaux de Guirdham. Si le sujet vous intéresse, je vous renvoie à son livre, Les cathares et la réincarnation
Brian L. Weiss
Le livre du psychiatre Brian L. Weiss, Many Lives, Many Masters , publié en 1988, est devenu un bestseller. Jusqu’alors, Weiss avait eu une belle ascension professionnelle, dans un cadre conventionnel : Phi Beta Kappa à l’université de Columbia, études de médecine à Yale, poste de professeur de psychiatrie associé et chef du département de psychopharmacologie à l’université de Miami, et enfin chef de service en psychiatrie dans un grand hôpital de Floride. En écrivant un ouvrage sur la réincarnation, Weiss prenait un risque professionnel colossal. Décrivant cette aventure, il se plaisait à citer avec humour une des expressions favorites de son auguste grand-père, « et puis zut, et puis zut ».
Ce qui déclencha ce périlleux acte de foi fut de voir arriver dans son cabinet en 1980 une jeune femme de 27 ans du nom de Catherine. Celle-ci présentait des symptômes d’anxiété et d’attaques de panique, qui ne firent qu’empirer durant les dix-huit mois que dura sa psychothérapie. Elle ne souhaitait pas prendre de traitement, et insistait pour poursuivre en thérapie verbale.
En 1882, Catherine visita un musée à Chicago, où se tenait une visite guidée de quelques artefacts égyptiens. A sa grande stupéfaction, elle se mit à corriger le guide sur certains détails, et il s’avéra que c’était elle qui avait raison. Ce récit piqua la curiosité du Dr Weiss, qui décida alors d’essayer l’hypnose sur sa patiente. Son point de vue, qui était encore conditionné par la psychologie conventionnelle, était que l’origine des troubles de Catherine était à chercher dans son enfance. Weiss l’hypnotisa, la fit remonter jusqu’à cette époque, et bien sûr, ils trouvèrent des abus sexuels dans la petite enfance. Sans surprise.
Cependant, les symptômes de la patiente ne s’amélioraient absolument pas. Intrigué, lors d’une session suivante, Weiss passa le Rubicon par mégarde. Il demanda simplement à Catherine de « retourner à l’époque d’où venaient ses symptômes ».
« Je vois des marches blanches qui conduisent à un bâtiment », dit Catherine. « Un grand bâtiment blanc avec des piliers, ouvert sur le devant…Je porte une robe longue, un sac fait d’un tissu grossier…J’ai les cheveux tressés, de longs cheveux blonds ».
Weiss lui demanda comment elle s’appelait et quelle était l’année. « Aronda. J’ai dix-huit ans….Il y a des paniers…..On porte les paniers sur les épaules……On est en 1863 av J.C.».
Je laisse la suite de l’histoire au Dr Weiss. Il la raconte très bien dans Many Lives, Many Masters, et a depuis écrit beaucoup d’autres choses dans le domaine, au fil des années. La beauté de son œuvre selon moi est dans la façon dont il décrit comment le fait d’éclaircir sa propre histoire karmique a conduit Catherine jusqu’à la guérison. (On apprend accessoirement qu’elle avait vécu 86 vies passées pendant ce laps de temps).
Quatre ans après la fin de leur relation thérapeutique, Catherine n’avait connu aucune réapparition des symptômes d’anxiété, de panique et de dépression qui l’avaient amenée à consulter. Weiss écrit : « depuis Catherine, j’ai fait faire des régressions circonstanciées vers de multiples vies passées à une douzaine de patients. Aucun d’entre eux n’était psychotique, ne subissait des hallucinations ou ne manifestait de multiples personnalités. Tous ont vu leur état s’améliorer de façon très notoire».
Ce livre du Dr Weiss ne renferme qu’une seule histoire. De ce fait, il est moins convaincant en tant que preuve de la réincarnation que les travaux des autres chercheurs déjà mentionnés. On pourrait juger qu’il ne s’agit là que des fantasmes de Catherine. Dans l’esprit toutefois, l’approche thérapeutique de Weiss est celle qui se rapproche le plus du travail véritable de l’Astrologie d’Evolution, tel que nous allons l’explorer plus loin. Notre but, comme celui du Dr Weiss, est bel et bien de guérir.
Edgar Cayce
Personne ne fut plus surpris qu’Edgar Cayce lui-même lorsque sortant d’une transe en 1923, il s’entendit dire qu’il avait diagnostiqué l’origine des troubles physiques d’une personne comme résultant des expériences d’une vie passée. Cayce, né en 1877 et décédé en 1945, était un chrétien pratiquant du sud des Etats-Unis, qui chaque année, lisait la Bible d’un bout à l’autre. Pendant vingt ans, il avait prononcé des diagnostics et préconisé des traitements pour des malades qui faisaient appel à lui, en entrant dans des états de transe. Il avait donné au total 14000 consultations, dont 2500 seulement portaient explicitement sur des vies passées.
Je me souviens avoir trouvé dans la bibliothèque de mes parents un exemplaire de sa biographie, Edgar Cayce, il est un fleuve écrite par Thomas Sugrue. J’avais alors douze ans, et même à cet âge de montée des hormones, j’accordais plus de valeur à ce livre qu’aux Nationals Geographics plein de photos d’Africaines nues. Cette lecture a profondément influencé le cours de mon existence : elle est le fondement de la moitié de mes croyances et de ma compréhension d’adulte. J’ai eu la chance de recevoir bien des honneurs et des récompenses au cours de ma vie, mais un des plus grands fut d’être invité à parler à deux reprises à l’Association for Research and Enlightenment de Virginia Beach, en Virginie, fondée par Edgar Cayce et où son travail est pieusement conservé.
Contrairement à Wambach ou Stevenson, Edgar Cayce n’avait aucune prétention à une démarche scientifique. Son seul but était le service. Pourtant, ses consultations ont été scrupuleusement consignées, comme celles de Wambach et Stevenson, et forment un impressionnant corpus. Les archives complètes peuvent être consultées à la bibliothèque A.R.E. de Virginie, et bon nombre est accessible au travers de la multitude d’ouvrages publiés au fil des années sur Edgar Cayce.
En voici un exemple, extrait du livre de Noel Langley, Edgar Cayce et la réincarnation . Un psychologue du nom de Calvin Mortimer était venu consulter Cayce entre les deux guerres mondiales. Le texte de la consultation nous dit : « Avant ceci, l’Entité était dans le pays de sa naissance présente, pendant la période juste avant la révolution américaine…il faisait partie des troupes britanniques, et servait dans ce qu’on appellerait aujourd’hui les services secrets. Ce n’était pas un espion, mais plutôt un de ceux qui élaboraient les plans de campagne de Howe et Clinton. Pourtant, l’Entité est restée sur le sol américain après la fin des hostilités, il n’était pas mort, il s’occupait de la coopération entre les peuples du pays d’origine de l’Entité et ceux de son pays d’adoption. Ensuite, sous le nom de Warren, l’Entité a réussi à établir ces relations. Et donc dans le temps présent, nous trouverons que les relations diplomatiques et les échanges d’idées et de plans de coopération entre les pays sont des sujets qui intéressent l’Entité.»
Quand la seconde guerre mondiale a éclaté, Mortimer était trop âgé pour servir, et il est entré dans les garde-côtes, avant d’être assez vite transféré dans le service des renseignements intérieurs, l’ancêtre de la C.I.A. A la fin de la guerre, il était responsable d’un centre de formation pour espions, « formait les hommes à s’introduire derrière les lignes ennemies, à l’endroit même à Long Island où il avait jadis tracé les plans des campagnes de Howe et Clinton durant la guerre d’indépendance ».
Souvenez-vous qu’ Edgar Cayce avait donné cette consultation avant le début de la seconde guerre mondiale. A de multiples reprises, ses propos renferment des prévisions quant aux développements futurs des personnes sur la base de la répétition de schémas anciens de leurs vies passées. Il existe comme dans le cas de Mortimer des liens géographiques et professionnels, mais également des relations, des maux physiques, des talents. En outre, tout le travail de Cayce est imprégné d’une forte philosophie morale, ou on pourrait dire, de façon plus juste, d’une perception des lois de cause à effet, c’est à dire du karma.
Par exemple, il reçut un jour en consultation une dame qui avait un sérieux problème d’alcoolisme et de compulsion sexuelle. Il relia ces tendances à une vie passée en France, à une époque de grand libertinage, où il s’avérait qu’elle avait été au contraire très puritaine et moralisatrice, condamnant les autres en les accusant de vouloir déteindre sur elle, pour finir par se retirer dans un couvent. Cayce lui avait dit : « vous avez condamné ceux dont les activités étaient en désaccord avec la loi. Mais celui dont la chair est faible a-t-il la plus lourde faute ? Car il faut savoir que condamner les autres, c’est déjà se condamner soi-même. Où est le plus grand péché ? ».
Edgar Cayce, en transe, était plus qu’un voyant, c’était un puissant maître spirituel. Je me sens une très grande dette envers lui.
Roger J. Woolger, Patricia Walsh, et le « processus de mémoire profonde »
Dès lors qu’il est question de soin et de traitement psychothérapeutique, le fait de se rappeler ses propres vies passées présente des avantages considérables. A défaut de s’en souvenir soi-même, il est possible de consulter un médium, ou un astrologue d’évolution, qui nous parlera de nos incarnations précédentes. Mais à ce moment là, comment être sûr de la vérité de ce qu’il avance ? Il est possible qu’on ne sache pas trop quoi en penser. Par contre, quand le souvenir jaillit de notre propre inconscient, l’expérience possède une forme d’immédiateté indéniable. Même si cela peut parfois se produire dans un état de méditation ou de rêve, la régression sous hypnose et d’autres formes de transe sont les voies d’accès les plus courantes à ce type d’expérience directe. Nous avons déjà vu des exemples de ce processus, notamment avec Helen Wambach. Un des pionniers en la matière est un Anglais, Roger J. Woolger.
Après des études à Oxford, Woolger avait suivi une formation à l’institut C.G. Jung à Zurich. Son livre, A la Recherche de nos Vies Antérieures , est reconnu comme un des ouvrages les plus fondamentaux dans le domaine de la régression dans les vies passées. Son associée, Patricia Walsh, dont il va être question plus loin, s’exprimait ainsi lors d’une communication privée :
Oui, la régression se produit effectivement en ayant les yeux fermés, et dans un état de conscience altérée, mais il y a une différence de taille entre la régression sous hypnose et le principe jungien de l’« imagination active » que nous appliquons. L’hypnose tente d’amener la personne à se détendre, et d’induire un état de transe, alors que selon notre méthode, nous travaillons sur tout affect qui apparaît, qu’il soit un symptôme de nature physique, émotionnelle ou mentale, et nous guidons la personne pour qu’elle aille plus loin dans cette expérience, ce qui la conduit naturellement à un état de conscience altéré. L’histoire du personnage de la vie passée est déjà contenue dans le symptôme, il n’est pas utile d’aller voir plus loin. Ceci est en fait une approche plus « shamanique », étant donné que les shamanes ont pour habitude d’exagérer les symptômes pour que la personne les expérimente plus profondément. Le docteur Bradford Keeney, un psychothérapeute qui a beaucoup étudié auprès de shamanes du monde entier, et a été reconnu comme un sage, nous dit ceci : « les bushmen et les guérisseurs indigènes font exactement le contraire de ce que nous faisons dans notre culture pour aider les malades. Nous les calmons, les tranquillisons en leur donnant des médicaments. Nous leur enseignons des techniques de méditation et de relaxation pour dégonfler leurs conflits. Les shamanes recommandent souvent une approche diamétralement opposée : ils enseignent aux personnes perturbées mentalement comment aller encore plus loin dans l’expérience de cette énergie ». Ce que veut nous dire Keeney, c’est que comme en homéopathie, un peu de poison soigne le poison, la guérison est dans la douleur même du symptôme, et il faut plonger dans les profondeurs pour trouver la perle de la guérison. Le fait d’amplifier le problème ouvre une strate plus profonde du complexe, ce qui permet ensuite d’atteindre un niveau de guérison et de résolution plus profond. Sous hypnose, pas de manière systématique mais souvent, une personne « observe » sa vie passée, et notamment lorsque des événements traumatiques remontent en surface, on l’encourage à « les regarder en simple observateur extérieur ». Dans notre travail, nous voulons que la personne incarne pleinement le personnage, car nous faisons de la thérapie des traumatismes, dont le but est de guérir la conscience éparpillée et dissociée ».
Avant de devenir célèbre, Roger Woolger était venu en Caroline du Nord pour diriger un atelier de week-end, auquel j’avais participé avec enthousiasme. Mon premier livre, Le Ciel Intérieur, venait juste de paraître. Woolger et moi avons alors été présentés par un ami commun, et avons déjeuné ensemble. Il avait envie que je l’éclaire sur la façon de s’y prendre pour se faire publier, et moi, j’avais une aussi forte envie qu’il m’éclaire sur les mystères de la réincarnation. Nos destins à ce moment là semblaient converger. Peu de temps après, il a signé un contrat avec mon éditeur, Bantam Books. Et même si je m’intéressais à la réincarnation depuis mon enfance et la lecture d’Edgar Cayce, les exposés de Roger ce week-end là m’ont vraiment inspiré, car j’ai compris alors les possibilités thérapeutiques offertes par la mémoire des vies passées, ce qui m’a encouragé à en continuer l’exploration apr le biais de l’astrologie.
Tout comme les travaux de Brian Weiss, ceux de Roger Woolger, qu’il appelle lui-même Processus de mémoire profonde ont, et c’est triste à dire, relativement peu de poids pour convaincre les sceptiques. Ils sont plutôt destinés à des esprits ouverts qui veulent plonger dans leur propre psychisme et faire l’expérience directe de leurs vies passées. Il ne s’agit pas de « prouver » la réincarnation, sauf peut-être de manière subjective. En fait, Woolger prend des distances avec de telles préoccupations. Selon ses propres termes, « la thérapie de mémoire des vies passées, en règle générale, ne se propose pas de prouver quoi que ce soit. Prouver l’existence ou la non existence de la réincarnation appartient strictement aux domaines de la parapsychologie et de la recherche…Toute tentative d’explication se doit de demeurer secondaire par rapport à la véritable tâche du thérapeute, qui est d’aider ses patients à trouver un soulagement et à comprendre des symptômes et des schémas de comportements perturbateurs, sur lesquels ils n’ont aucun contrôle ».
Les objectifs de Roger Woolger sont tellement semblables aux miens qu’il n’est pas surprenant que nos chemins se soient croisés à cette époque. La suite n’est d’ailleurs pas plus surprenante : il y a plusieurs années, alors que je donnais un atelier d’astrologie à Hartford, dans le Connecticut, j’ai rencontré une brillante jeune femme enthousiaste qui m’a dit qu’elle avait travaillé avec Roger. Elle s’appelait Patricia Walsh. Elle avait étudié les principes de l’astrologie d’évolution avec mon ami et collègue Jeffrey Wolf Green, et elle faisait le lien entre les travaux de Jeff sur les vies passées et les travaux de remémoration sous hypnose dont Woolger avait été le pionnier. En d’autres mots, Patricia prouvait que le travail de transe et l’astrologie d’évolution aboutissaient aux mêmes résultats. Son travail est méticuleux et très concret. Les études de cas sont comparées, et les parallèles entre les deux systèmes ressortent clairement.
Patricia va bientôt publier un livre. Si vous êtes intéressé, je vous encourage à aller voir de temps à autre sur internet. Pour le moment, j’aimerais juste attirer votre attention sur son article « Observations astrologiques issues de la thérapie de mémoire des vies passées ». Il est paru dans le numéro XXXVI de 2006 de International Astrologer, The Journal of the Internarional Society for Astrological Research.
Je trouve les travaux de Roger Woolger et Patricia Walsh passionnants pour deux raisons. D’abord, et en tout premier lieu, à cause de la synergie de potentiel de guérison entre les régressions sous hypnose et l’astrologie d’évolution. Une régression lors de laquelle une personne fait l’expérience d’un traumatisme de vie passée peut être très libératrice, et ajouter une autre dimension et du dynamisme aux analyses astrologiques plus abstraites. Réciproquement, l’analyse astrologique peut diriger l’attention d’une personne vers les problèmes karmiques non résolus les plus pertinents. En d’autres termes, si vous avez été le capitaine d’un navire du commerce triangulaire (ou un de ses passagers) dans une vie passée, vous préfèrerez de loin faire remonter en surface une vie où vous étiez pâtissier ou chef dans la gastronomie française! L’astrologie montre du doigt la direction thérapeutique, alors que le processus de mémoire profonde est supérieur dans sa capacité à déclencher des souvenirs précis, à permettre de les libérer, à donner confiance dans la réalité de l’expérience, en bref, à guérir.
La seconde raison pour laquelle cette rencontre entre le Processus de Mémoire Profonde et l’astrologie d’évolution me fascine est que la combinaison des deux est incroyablement convaincante. Si Joe vous dit qu’il a vu un O.V.N.I. au coucher du soleil hier soir, vous tendez l’oreille, mais vous n’êtes pas sûr qu’il faille le croire. Si une heure plus tard, Carol, qui n’a jamais rencontré Joe vous dit la même chose, vous êtes beaucoup plus enclin à croire qu’ils disent la vérité. Voir l’histoire karmique à travers les symboles astrologiques, puis entendre cette même histoire de la bouche de quelqu’un qui y parvient par une autre approche est de nature à convaincre la personne la plus sceptique.
Roger Woolger lui-même, dans une communication privée, disait : « Ce que j’ai perçu de l’application de l’Astrologie d’Evolution met mieux en lumière les dynamiques psychologiques héritées des vies passées que toute autre technique que je connaisse ».
De nombreuses voies
Comme vous l’aurez compris, il existe de multiples manières dont les gens peuvent obtenir de l’information sur leurs vies passées. Comme Calvin Mortimer, on peut tout simplement prendre rendez-vous avec un médium tel qu’Edgar Cayce et écouter l’histoire qu’il nous révèle. Comme les clients de Brian Weiss, les participants aux thérapies basées sur la Mémoire Profonde, ou les patients d’Helen Wambach, on peut faire de la régression sous hypnose ou du travail de transe, et découvrir nous-même l’histoire, avec l’aide d’un guide. Comme la Madame Smith d’Arthur Guirdham, les images peuvent nous apparaître en rêve ou directement sous la forme de souvenirs. De nombreuses personnes, notamment les jeunes, semblent simplement « savoir », comme les études d’Ian Stevenson le montrent.
L’astrologie d’évolution a sa place parmi d’autres méthodes, et tout comme les autres approches, possède ses avantages et ses inconvénients. Ce qu’elle a de positif, c’est que ses techniques sont objectives et reproductibles. Elle n’est pas soumise aux peurs et aux espoirs des personnes, et elle ne présente aucun risque de confusion entre les souvenirs oubliés de la petite enfance et les mémoires de vies antérieures.
Son inconvénient est qu’elle n’offre que des symboles et des métaphores. Elle ne vous révèlera pas que vous avez travaillé pour les généraux Howe et Clinton à Long Island pendant la guerre d’indépendance. Elle ne vous enverra pas nettoyer le sol d’un poulailler dans le Somerset en Angleterre, à la recherche d’un certain caillou.
Comme nous allons le voir, si la guérison et la libération sont nos buts premiers, comme ils le sont pour Brian Weiss et Roger Woolger, alors les faits précis des vies passées sont moins importants que les émotions qui leurs sont liées, émotions auxquelles on peut avoir accès tout aussi efficacement par le biais de métaphores que par des faits circonstanciés.
Or, il n’existe aucun système métaphorique aussi puissant et aussi primordial que celui que nous offre l’astrologie.
Le tulkou de Saraha
Au Tibet, avant l’annexion chinoise, le monastère de Tsé-Chöling avait perdu son abbé. Selon la coutume bouddhiste, la solution n’était pas de se contenter de lui choisir un successeur : il convenait d’attendre la réincarnation de feu l’abbé.
Pendant ce temps, un garçon prit naissance non loin de là et commença bientôt à parler d’ « un monastère sur une colline où il avait vécu en tant que moine ».
Le maître de musique de Tsé-Chöling entendit par hasard les rumeurs qui circulaient à propos du garçon et décida de lui rendre visite. Le garçon avait alors trois ou quatre ans, l’âge auquel les sujets d’Ian Stevenson se mettaient à parler de leurs vies passées. Suivant les usages tibétains, le maître de musique portait un sac rempli d’objets, dont certains avaient appartenu à l’abbé décédé et d’autres pas. Les objets furent disposés devant l’enfant, qu’on invita l’air de rien à choisir quelques pièces comme cadeaux. Il saisit immédiatement une cloche abimée, la préférant aux autres cloches pourtant sans défaut.
« Pourquoi veux-tu cette vieille chose alors qu’il y en a une autre beaucoup mieux ? », lui demanda le maître de musique.
« Tu ne préfères pas la plus jolie qui est neuve ? »
« Non, je préfère ma vieille cloche », répondit le garçon.
« Comment sais-tu que c’est ta cloche ? »
« Parce qu’un jour elle est tombée et un petit morceau s’est cassé à cet endroit», répondit le garçon, en montrant l’endroit ébréché sur le pourtour interne de l’objet.
Ce récit est tiré du merveilleux livre, Le Chemin des Nuages Blancs, de Lama Anagorika Govinda. Le récit continue : « le garçon reconnut immédiatement tous les objets qui avaient appartenu à l’ancien abbé, et repoussa tous les autres objets, bien qu’ils aient été de forme identique ».
C’est ainsi que le monastère de Tsé-Chöling retrouva son abbé légitime.
Le bouddhisme tibétain
1997 a été une bonne année pour faire connaître aux Occidentaux la réalité de la société tibétaine et sa religion, grâce à la sortie de deux films, Sept ans au Tibet et Kundun. Tous deux ont exploré entre autres la vie et l’époque de Sa Sainteté le Dalaï-lama. Comme le tulkou de Saraha, celui-ci avait prouvé qu’il était bien la réincarnation de son prédécesseur en reconnaissant certains objets qui lui avaient appartenu dans son incarnation passée. Le mot tulkou, d’ailleurs, renvoie simplement à la renaissance d’une figure spirituelle du passé.
Dans une culture comme la société traditionnelle tibétaine, qui reconnaît la réincarnation, ce genre d’événement est assez courant, et l’identification de possessions passées est l’unique manière de certifier l’authenticité de la chose, ainsi que nous allons maintenant le voir.
Le Karmapa
Le plus grand être à se réincarner successivement est peut être le Karmapa. Le 16ème Karmapa est décédé d’un cancer aux Etats-Unis en novembre 1981. Son fidèle assistant, Akong Rinpoché, lui avait demandé une seule chose : il souhaitait qu’une des dents du Karmapa lui fût remise après le décès et la crémation de celui-ci. Dans le chaos général suscité par le fait que le Karmapa soit mort sur le territoire américain, la dent n’était pas parvenue à Akong Rinpoché. Trop attristé par le départ de son maître pour se rendre jusqu’aux Etats-Unis, il n’avait pu assister à la crémation et demander à ce que la dent lui fût remise.
Quelques années plus tard, Akong Rinpoché faisait partie du groupe de Lamas qui s’était mis en quête de trouver la réincarnation du Karmapa. L’histoire est très complexe, car elle prend place dans le contexte intriqué de la politique tibéto-chinoise. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande la lecture du livre de Michael Brown, The Danse of 17 Lives . Une version simplifiée de l’histoire nous apprend que le 16ème Karmapa, se conformant à la coutume tibétaine, avait écrit une lettre juste avant sa mort dans laquelle il exposait de manière détaillée où il comptait reprendre naissance, en donnant le nom du village, des parents, et ainsi de suite. Cette lettre mit du temps à réapparaître, ce qui causa une confusion gigantesque.
Au bout du compte, Akong Rinpoche et un groupe de moines suivirent les instructions données dans la lettre et au bout de la piste, trouvèrent un garçon du nom de Apo Gaga, né le 26 juillet 1985.
Selon les mots d’Akong Rinpoche, « quand j’ai vu le Karmapa pour la première fois, je lui ai dit, avant de mourir vous m’aviez promis une chose, où est-elle? ».
Akong Rinpoche raconte ensuite : « le jeune garçon avait un tapis, dessous était cachée une de ses dents de lait. Il est allé la chercher et me l’a donnée. Le problème de la dent était résolu ».
Le 17ème Karmapa était né.
Comme je l’ai mentionné auparavant, pour ce qui est d’apporter des preuves convaincantes et rationnelles, le large échantillonnage, la méthodologie rigoureuse, et les analyses statistiques d’Ian Stevenson et Helen Wambach n’ont pas d’égal. Pour une compréhension des applications thérapeutiques, je me tournerais vers Roger Woolger, Patricia Walsh, Brian Weiss, et leurs collègues et contemporains. Mais pour ce qui est de l’éclairage de la logique de notre évolution à long terme, en tout cas pour ce qui me concerne, je ne peux que remercier la lignée des enseignants bouddhistes qui avec une grande gentillesse, ont si généreusement partagé leur compréhension avec tous ceux qui voulaient bien prêter l’oreille.
Mon expérience personnelle
Ian Stevenson s’était aperçu que dans les sociétés ouvertes à la notion de réincarnation, comme l’Inde, par exemple, il avait pu rencontrer davantage d’enfants qui se rappelaient leurs vies passées que dans les sociétés où cette croyance est moins répandue, comme les Etats-Unis ou l’Europe. Intuitivement, il est aisé de comprendre qu’il en soit ainsi. Un enfant en Virginie du Nord qui se met à énoncer des sornettes en disant qu’il a été un moine dans un monastère himalayen ne va pas recevoir beaucoup d’encouragements à poursuivre son récit. Et pourtant, comme nous l’avons vu, entre 20 et 35 pour cent des Américains croient en la réincarnation, bien que ce soit un concept exotique issu de cultures étrangères. Je ne sais pas très bien quels seraient les chiffres en Europe, en Amérique latine, ou ailleurs dans le monde occidental, mais peut-être seraient-ils assez semblables.
D’où tous ces gens tirent-ils leur croyance? Et vous-même, d’où vous vient votre foi (même balbutiante) dans la réincarnation, qui fait que vous avez ce livre entre vos mains?
Rien d’objectif ni de scientifique là dedans…mais si vous prenez quelques esprits ouverts qui passent un bon moment autour d’une table, et que vous lancez la conversation sur le thème des impressions intuitives de vies passées, vous vous verrez immédiatement gratifié d’ un filon d’histoires intrigantes, basées le plus souvent sur une affinité pour certains pays ou certaines périodes de l’histoire. « J’ai toujours senti que j’ai été une religieuse dans un couvent en France ». « J’ai toujours su que Quincy et moi-même avions fait partir de l’ordre des templiers ».
Souvent, il se produit de « petits miracles » qui renforcent les images, comme des détails connus ou sentis, des « coïncidences » troublantes. Pour vous donner un exemple personnel, quand j’étais jeune, je suis parti passer quelques mois sac au dos en Europe avec ma compagne. Dans les ruines désertes de Pompéi, un jour gris de novembre, nous sommes tombés sur un garde. Regardant du coin de l’oeil ma jolie blonde, il m’a dit avec un clin d’oeil que comme j’étais un homme, je ne devais pas rater les belles fresques dans les ruines du vieux bordel. Malheureusement, ajouta-t-il, les femmes ne sont pas admises du fait du caractère particulier des représentations, mais je ne devais pas m’inquiéter, car il veillerait sur mon amie pendant mon absence. Même à cet âge tendre, je perçus le subterfuge, mais la chose étrange est que dès qu’il se lança dans des explications pour m’indiquer où se trouvait le bordel, je terminai sa phrase à sa place.
Je savais où se trouvait le bordel de l’ancienne Pompéi!
Des années plus tard, en regardant un livre de mosaïques anciennes du monde entier, je tombai sur une pièce de nature faiblement érotique, et je sus immédiatement qu’elle venait de ce même bordel de Pompéi. En regardant son numéro dans l’index, je m’aperçus que je ne m’étais pas trompé.
Etant donné la nature évolutive de la vie, j’aime bien cette histoire personnelle. Si je m’étais souvenu avoir été l’instructeur de méditation de Jésus Christ, j’ose espérer que j’aurais eu quelques soupçons! Mais savoir que j’avais profité des plaisirs du bordel local il y a deux mille ans sonne vrai. Je n’ai rien fait de cette nature dans ma vie présente, et cela ne m’attire pas du tout, peut-être qu’à l’époque j’en avais fait le tour! Ce que je veux dire par là, c’est qu’en ce temps là, j’étais moins évolué.
D’une manière ou d’une autre, je sais dans mon for intérieur que cette vie à Pompéi avait été heureuse. Je suis sûr que j’avais quitté mon corps avant ce célèbre épisode dramatique qui a fait la renommée de la ville.
Si je me suis autorisé à inclure cette histoire personnelle, ce n’est pas pour prouver quelque chose ou pour revendiquer quoi que ce soit me concernant. Je pense qu’il y a des milliards d’histoires semblables qui flottent de par le monde. Tout ce qui se dresse entre nous et ces histoires, c’est le paradigme collectif de non croyance en la réincarnation, paradigme qui est entrain de s’effondrer.
Un peu d’histoire
La plupart d’entre nous dans le monde occidental ont été conditionnés pour considérer la réincarnation comme un concept « oriental ». Il serait certainement difficile de concevoir le Bouddhisme ou l’Hindouisme sans notions de vies passées et futures. Nous avons déjà vu l’utilisation pratique de la réincarnation dans la culture bouddhiste tibétaine. Dans les racines de L’ Hindouisme, Krishna lui même dit dans la Bhagavad-Gîtâ : « comme un homme jette ses vieux habits pour en mettre de nouveaux, celui qui habite dans un corps, ayant quitté son enveloppe mortelle, entre dans d’autres, qui sont nouvelles… ».
Ce qu’on sait moins, c’est que les Celtes croyaient eux aussi en la réincarnation. Lorsque je regarde les visages lors de mes cours ou dans les conférences que je donne, je pense qu’il est juste de dire que ces Celtes dont il est question sont les lointains grands-parents d’un sacré grand nombre d’astrologues modernes ! Une erreur historique courante consiste à penser que les Celtes sont juste les Britanniques et les Irlandais. Même si ce sont bien eux qui ont résisté jusqu’au bout aux Romains, les populations celtes s’étendaient autrefois sur une grande partie de l’Europe, et sont ainsi les ancêtres d’un grand nombre d’entre nous, qui portons le flambeau de l’astrologie moderne en Occident. De cette nation, Jules César lui même disait : « Ils cherchent à inculquer ceci comme partie de leurs conceptions principales, que les âmes ne s’éteignent pas, mais passent après la mort d’un corps vers un autre ».
L’histoire est bien sûr écrite par les vainqueurs, et lorsque les royaumes celtes sont tombés face aux Romains et que les druides ont été mis à mort, la perte du trésor spirituel qui était le leur a été inestimable pour la race humaine dans son ensemble. La tragédie a été d’autant plus grande que les Celtes ne conservaient pas leurs croyances par écrit. Leur culture était orale, basée sur la mémorisation et la transmission de mentor à élève. Cette perte est particulièrement aigüe pour nous qui avons du sang nord-européen, car la majeure partie de notre spiritualité originelle a été arrachée de nos âmes, et le reste enterré sous des couches de philosophie « étrangère » venant du Moyen Orient et de la Méditerranée, la tradition judéo-chrétienne, en d’autres termes, avec sa superposition de philosophie gréco-romaine et de logique.
Que ferait Jésus?
En théorie, la réincarnation n’est pas une croyance juive ni chrétienne. Et pourtant, on s’aperçoit que de nombreuses références claires à la notion d’autres vies émaillent les écritures. Que dites-vous de ces passages de l’évangile selon Saint Matthieu 17: 10-13 :
« Et les disciples l’interrogèrent, disant: Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne premièrement? Et Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Élie doit venir premièrement, et rétablir toutes choses. Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont point reconnu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; c’est ainsi qu’ils feront aussi souffrir le Fils de l’homme. Alors les disciples comprirent que c’était de Jean-Baptiste qu’il leur avait parlé ».
Elie était un prophète du 9ème siècle avant Jésus Christ. Il avait donc vécu huit cents ans avant que Jésus ne prononce ces paroles.
Dans l’ancien testament, livre de Malachi 4:5-6, on lit : « Voici, je vais vous envoyer Elie, le prophète, avant que le jour grave et redoutable de l’ Eternel vienne. Il ramènera le coeur de pères vers les enfants, et le coeur des enfants vers leurs pères, de peur que je ne vienne et je ne frappe la terre de l’interdit ».
Le Livre de Malachi est difficile à dater précisément, mais on estime selon des indices qu’il contient qu’il a été écrit entre 445 et 515 après J.C, c’est à dire plusieurs siècles après la vie d’Elie. Il est clair que la prophétie concerne donc la réincarnation de celui-ci. Et beaucoup plus tard, Jésus lui même avait reconnu en Saint Jean Baptiste le « tulkou » d’Elie!
L’érudit et géant de la poésie que fut Robert Graves n’y va pas par trente six chemins lorsqu’il affirme : « Aucun théologien honnête ne peut nier que le fait d’accepter le Christ oblige logiquement tout chrétien à croire en la réincarnation, au moins dans le cas d’Elie ».
Que se passe-t-il alors? Qu’est-il arrivé à la réincarnation en Occident? Elle est clairement « dans la bible », et portant les fondamentalistes qui martèlent la bible un peu partout et affirment que tout ce qui est contenu dans cette même bible est la parole littérale de Dieu ont tendance à considérer la réincarnation comme une notion blasphématoire. Qu’a-t-il bien pu se produire? Pour condamner la réincarnation, ils doivent passer outre certains passages clairs et nets de la Bible.
Selon les mots de Brian Weiss, « en 325 après J.C, l’empereur romain Constantin le Grand, avec sa mère Héléna, ont éliminé les références à la réincarnation contenues dans le Nouveau Testament. Le second concile de Constantinople, en l’an 553, a confirmé cette initiative et déclaré le concept de la réincarnation hérétique ».
Ceci est un aspect de la chose, bien que la perspective académique équilibrée soit plus opaque. Citons de nouveau Roger Woolger : « Les théologiens contemporains chrétiens ne semblent pas pouvoir se mettre d’accord, malgré des montagnes d’érudition, sur le fait que l’église chrétienne de la première heure ait accepté ou non la notion de réincarnation. Leslie Wetherhead soutient que « la réincarnation était acceptée par l’église pendant les 500 premières années de son existence ». Head et Cranston fournissent des textes à l’appui. John Kick, à l’inverse, prétend que cette vision est totalement erronée et trompeuse, et dit que « la réincarnation a été enseignée dans le mouvement gnostique à l’intérieur de l’église, mais ce mouvement s’est rapidement distingué et a été traité comme un dangereux ennemi ».
Au risque de digresser encore, je dirais que je sais qu’une partie du désaccord sur le rôle de la réincarnation dans le christianisme ancien provient de l’imbrication de deux notions : celle des vies passées et celle de la pré-existence de l’âme. Cette dernière est simplement l’idée que toutes les âmes ont été créées par Dieu au commencement des temps, contre des âmes « imprimées à la demande » que Dieu créerait au moment de la conception, ou de la naissance. Ceci faisait l’objet d’un débat animé il y a mille cinq cents ans. On peut avoir des âmes pré-existantes qui attendent simplement leur tour pour leur incarnation unique, ou des âmes pré-existantes qui se réincarnent encore et encore, et dans les deux cas, ces âmes ont des « passés ». Ce qui est incompatible, c’est la notion d’ âmes fraîches, âmes faites sur commande avec une histoire d’incarnations passées.
Le problème de la pré-existence était un sujet houleux dans le christianisme ancien. Il semble qu’avec le temps qui passe, la langue et les textes vieillissent, sont traduits, et les exégètes honorables peuvent lire la réincarnation dans la pré-existence ou au contraire l’en exclure.
Et donc tout s’embrouille.
Mais ce qui est clair, c’est qu’on ne peut expliquer certains passages de la Bible sans penser littéralement à la réincarnation, comme nous venons de le démontrer en citant l’évangile de Matthieu. Les Gnostiques, si intimement liés à l’histoire de la pensée du christianisme ancien, y croyaient de toute évidence. Bien que ce soit sujet à débat, il y a des preuves qui montrent que Platon et Pythagore acceptaient la réincarnation. Comme nous l’avons vu aussi, plus loin au nord, dans les forêts « barbares » des Celtes, la réincarnation faisait partie de la vie.
Si le concept n’est pas universel, il semble néanmoins qu’on le retrouve un peu partout. La notion selon laquelle les vies passées seraient un concept « oriental » est beaucoup trop réductrice. Le fait est que la croyance en la réincarnation était autrefois fortement répandue, mais n’a survécu en tant que croyance officielle qu’en Orient.
D’autres cultures
J’ai eu le plaisir d’enseigner récemment en Australie. Mes sponsors sur place, Lisa Jones et Cheryl Cooper, m’avaient très gentiment préparé une surprise. Juste avant que je ne démarre mon séminaire de cinq jours, j’ai vu arriver un Aborigène. Il est apparu vêtu d’un pagne, le corps méticuleusement orné de dessins d’argile, prêt à nous raconter des histoires et à jouer du digiridoo.
Ils nous a tous captivés, et ensuite a eu la gentillesse de rester pour entendre les premières heures de mon exposé. Durant ce temps, j’ai parlé pas mal de la relation perdue entre l’astrologie et les vies passées. A la pause, il est venu vers moi et m’a dit que son peuple partageait la même croyance. Je l’ignorais complètement ! Peut-être la marque la plus caractéristique des Aborigènes d’Australie d’un point de vue historique est-elle leur complet isolement du reste du monde durant les quelques cinquante mille ans ayant précédé la conquête européenne. N’est-il pas intéressant qu’eux aussi acceptent le caractère cyclique de l’existence ? Leurs coeurs leur disent la même chose que ce que voyait le Bouddha.
Dans leur receuil de citations sur les vies passées, Le livre de la réincarnation : le phénix et le mystère de sa renaissance , Joseph Head et S.L. Cranston (cités plus haut par Roger Woolger) donnent une liste des peuples dits « primitifs » qui acceptent manifestement l’idée de réincarnation. En voici une version légèrement abrégée :
Amérique du Nord : Algonquins, Dakotas, Hurons, Iroquois, Koloshes, Mohaves, Hopi, Natchez, Powhatans, Tacullis, Tlingit, Eskimos, Haidas.
Amérique centrale et latine : Caribs, Chiriguanos, Mayas et Quiches, Patagoniens, Péruviens, Soutals, Popayans, Icannas et Abysones.
Europe : Finnois, Lapons, Danois, Vikings, Islandais, Saxons primitifs, Celtes de Gaule, du pays de Galle, d’Angleterre et d’Irlande, Borusses, Teutons, Lithuaniens.
Afrique : Pokots du Kenya, Wanikas, Kikuyus, Mandingo, Edo, Igbo, Ewe, Yorubas, Calabar, Siena, Twi, Zoulous, Barotse, Maravis.
Si vous pensez avoir déjà vécu, vous pourrez paraître un peu excentrique dans l’Amérique du Nord ou l’Europe moderne. Il convient pourtant de remettre les choses en perspective : même de nos jours dans ces sociétés, je dirais en guise de boutade que votre « minorité est aussi nombreuse que les gays et les fondamentalistes réunis.
Vous faites bien partie d’une minorité, mais c’est une grande minorité, et d’un point de vue anthropologique, à l’échelle d’un millénaire et de tout le spectre des cultures humaines, vous faites partie de la majorité.
Pour conclure
Mon intention en écrivant ce chapitre, en essence, était de légitimer la fait de considérer la réincarnation comme un fait. A partir de maintenant, je vais le tenir pour acquis tout en poursuivant l’exploration et l’intégration des techniques de l’astrologie d’évolution.
Je pense que les astrologues de façon générale ne sont pas plus sages que les cultures dans lesquelles ils opèrent : nous buvons aux mêmes sources de connaissance et respirons le même air que tout le monde. Il me semble que l’étrange rejet de la notion de réincarnation dans le monde occidental depuis mille cinq cents ans a coupé l’astrologie de ses racines profondes, racines qui plongent au coeur du mysticisme universel de presque toute culture. J’ai le sentiment que le moment est venu de retrouver ces racines, et de redonner à l’astrologie son âme et son mystère.
NDT : Mayflower : navire marchand qui en 1620 emmena 120 anglais, plus tard appelé les pères pèlerins, jusqu’à ce qui devait devenir le Massachussets.
NDT : Créature légendaire, aussi appelée Bigfoot, qui vivrait au Canada et aux Etats-unis, et serait une sorte de primate humanoïde
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